Pierre Bortier, le rentier utopiste

En ouverture : Jardins pour ouvriers agricoles prenant leur retraite, situés à Ghistelles.

Lorsqu’en 1848, le Marché de la Madeleine ouvre ses portes, le passage reliant la rue de la Madeleine à la rue Saint-Jean se garnit rapidement de libraires et porte, d’emblée, le nom de Pierre Bortier, le promoteur à qui l’on doit l’idée du marché. Mais qui était-il donc, celui qui dota Bruxelles de cette galerie feutrée, où depuis des générations et jusqu’il y a peu, la flânerie était la norme et le calme, la véritable richesse?

Pierre Bortier naît à Dixmude le 10 juin 1805, officiellement le 21 Prairial de l’an An XIII du calendrier républicain puisqu’à l’époque, la Belgique est française. Issu d’une famille originaire du Westhoek, il manifeste de bonne heure un goût prononcé pour les études, les voyages et la lecture. L’aisance familiale lui permet d’étudier le commerce et l’agronomie à Paris et un premier héritage, qui lui vient de son oncle, le place très jeune à la tête d’une confortable fortune qu’il mettra à profit en parcourant l’Europe afin « de s’instruire, d’agrandir ses connaissances, de fortifier son esprit, de mûrir son jugement ». 1

Dans la famille Bortier, tous les hommes s’appellent Pierre!

Pierre-Louis-Antoine Bortier est donc né dans une famille dont les deux générations précédentes, tous prénommés Pierre, ont gravi les échelons sociaux de façon spectaculaire, influant, d’une manière ou d’une autre, le cours de l’existence de celui laissera son nom à la galerie. Pour ne pas nous y perdre entre les trois générations de Bortier, quelques présentations s’imposent.

Pierre-André Bortier, le grand-père (1734-1811)

Homme d’affaires avisé originaire de Poperinge, il devient un négociant fortuné et s’établit à Dixmude. Sa réussite l’élève dans la bourgeoise sociale et lui ouvre les portes de la carrière politique comme échevin de sa commune, représentant du Comté de Flandre et membre des États provinciaux de Flandre. Alliant sens des affaires, curiosité intellectuelle et envie de transmettre ses connaissances, il est l’auteur, en 1804, d’un ouvrage intitulé Grooten school-boek, of de wetenschap der eerlyke lieden, zeer nut tot onderwijs der jongheyd, (Grand manuel scolaire, ou La science des gens honnêtes, très utile pour l’éducation des jeunes). Il y développe notamment l’idée que l’Astronomie constitue « la base fondamentale des sciences et de la morale ». Son petit-fils s’en souviendra à l’heure de rédiger son propre testament, où il consacre une somme de douze mille francs pour doter les écoles primaires de chaque commune rurale de Belgique d’un planisphère de la voûte céleste, entoilé et vernis.

Pierre-Louis Bortier, l’oncle, dit « Le Magnifique » (1763-1830)

Marchant sur les traces de son père comme négociant et spéculateur, en Belgique et en Angleterre, dont il est un grand admirateur, Pierre-Louis Bortier monte à Bruxelles où il acquiert des propriétés – notamment les Messageries Royales, future galerie Bortier – et devient conseiller communal, puis membre de la Régence. Parallèlement, il développe des activités philanthropiques, tant dans sa ville de Dixmude qu’à Ghistelles, où son domaine s’est étendu, ce qui lui vaut le surnom de Pierre le Magnifique. Il est également un donateur régulier des Hospices de Bruxelles, qui gèrent notamment l’Hôpital Saint-Jean, premier hôpital de la ville, situé alors juste derrière sa propriété des Messageries. En Angleterre, il fonde même un hôpital, comme nous l’apprend le Journal de la Belgique du 15 juin 1830, annonçant son décès :

« Reconnaisant qu’il devait son immense fortune au commerce et voulant laisser aux Anglais, avec lesquels il avait fait longtemps des spéculations lucratives, une preuve de ses sentiments, il avait fondé en Angleterre un hôpital. »

C’est d’ailleurs lors d’une visite à cet hôpital que Pierre-Louis Bortier décède, le 29 mai 1830, quelques mois avant la révolution de 1830 qui mènera à l’indépendance de la Belgique. Sa fortune est alors estimée à huit millions de florins (soit l’équivalent de 96 millions d’euros, un florin de l’époque valant environ douze euros aujourd’hui). Il lègue l’essentiel de cette immense fortune, ainsi que la plupart de ses terres à son frère, Antoine-Pierre, et une partie, déjà conséquente, aux enfants de ce dernier, Émilie, Louise et Pierre-Louis-Antoine, l’auteur de la galerie qui portera son nom.

Neveu et nièces hériteront également du bâtiment abritant Messageries royales à Bruxelles, future galerie Bortier. Enfin, il lègue 5.000 florins ainsi que… 40.000 bouteilles de vin à deux Hospices Bruxellois ! Un don surprenant, à rapprocher peut-être des ventes aux enchères de vins de Bourgogne, aux Hospices de Beaune, dont les recettes sont destinées, aujourd’hui encore, au financement d’hôpitaux et de maisons de retraite de la région.

Antoine-Pierre Bortier, le père contrebandier (1765-1843)

Du père de Pierre Bortier, on sait peu de choses, mais elle valent leur pesant d’or ! Car lorsque son propre père décède, en 1811, la Belgique, alors française, est en plein blocus continental. Le but de Napoléon, en imposant ce blocus, est de mettre à mal de larges pans de l’économie de l’Angleterre par l’interdiction du commerce, tant d’importation que d’exportation, entre les deux pays.

Smugglers (Contrebandiers), John Atkinson 1808

MaIs il n’y parviendra que très partiellement. Car de nombreux négociants développent à travers l’Europe, tout un réseau d’agents et d’espions, stratégiquement déployés à travers les capitales et centres financiers du vieux continent. Antoine-Pierre Bortier est de ceux-là, d’autant que chez les Bortier, on est très anglophile. La demeure familiale de la Panne devient le quartier général où sont recrutés les marins prêts à acheminer tout ce dont on manque, de part et d’autre de la mer. Lors de la Bataille de Waterloo, les nouvelles voyagent par signaux, depuis la côté, drapeaux le jour, lanternes la nuit, puis atteignent par coursiers rapides le bureau de Pierre Bortier, basé à Londres.

Avertis en quelques heures de la défaite de Napoléon, les traders de l’époque font circuler, au contraire, la rumeur de sa victoire, faisant chuter de plus de 95% les valeurs anglaises que les « initiés » achèteront massivement, avant de les revendre les jours suivants, au prix fort, une fois connue la nouvelle de la victoire des Anglais. Ainsi, après avoir manqué son objectif d’affaiblir l’Angleterre, le blocus continental imposé par Napoléon contribuera également à faire la fortune de contrebandiers intrépides et de négociants tels qu’Antoine-Pierre Bortier. Ce qu’un essayiste genevois du nom de François d’Ivernois résumera par ce quatrain plein d’esprit:

Votre blocus ne bloque point
Et grâce à votre heureuse adresse
ceux que vous affamez sans cesse
ne périront que d’embonpoint… »

Pierre-Louis-Antoine Bortier, l’auteur de la Galerie (1805-1879)

Portrait de Pierre-Antoine-Louis Bortier vers 1850
Pierre Bortier, l’héritier philanthrope

Les années 1840 marquent un tournant dans la vie de Pierre Bortier, dont le père, Antoine-Pierre, décède en 1843. Celui qui, jusque là, vivait conforablement de l’héritage de son oncle, va se retrouver à la tête d’une, ou plutôt de deux immenses fortunes : celle de son père, liée à la contrebande, et celle dont ce dernier avait lui-même hérité, en 1830, de « Pierre le Magnifique », soit huit millions de florins, des centaines d’hectares de dunes et de terres, ainsi que diverses propriétés réparties sur plusieurs communes du Westhoek.

(Collection privée)

Un patrimoine financier et foncier énorme, que Pierre Bortier va utiliser d’emblée, et sans relâche, dans un souci constant d’amélioration du sort des habitants de son Westhoek natal. Et même si, en ce milieu du XIXe siècle, cette attention n’est pas dénuée d’un certain paternalisme moralisateur, elle est néanmoins sincère et bien réelle. C’est ainsi qu’à Ghistelles, il contribue à la réalisation de « maisons pour ouvriers agricoles – habitations réunissant les conditions les plus complètes d’hygiène et de confort, d’un loyer modéré et auxquelles habitations est adjoint un jardin – voilà une des mesures que nous avons préconisées, et dont les excellents effets ne se sont pas fait attendre. »

Précurseur des logements sociaux à une époque où les conditions d’existence des classes laborieuses sont des plus misérables, il en étendra le principe à des zones urbaines, avec la réalisation de Cités ouvrières, à Dixmude et à Molenbeek. Et s’il plaide pour la construction de ces logements, il fustige également, avec lucidité, l’idée d’en faire des ghettos pour pauvres :

Parquer, comme on le fait à Bruxelles, la classe ouvrière et la séparer de la classe aisée, constitue, de l’avis des économistes et des hommes qui s’occupent de la question sociale, une faute grave qui entraînera à sa suite les plus funestes conséquences.2

Aimant à répéter le proverbe arabe selon lequel « les peuples qui honorent la vieillesse s’honorent eux-mêmes », Pierre Bortier fonde à Ghistelles, des jardins pour ouvriers agricoles prenant leur retraite, qu’il lèguera à sa soeur Émilie ou, à défaut, à ses enfants, « à la condition de ne louer les jardins des dunes qu’exclusivement aux pêcheurs et aux ouvriers agricoles et en excluant les cabaretiers », précisant que « ces jardins ne pourront que se louer cinq francs, prix auxquels il sont loués en ce moment. » Le testament de Pierre Bortier abonde de ces annotations où l’on sent l’homme de principes, de son vivant, qui avait fait en sorte que ceux-ci lui survivent.

Pierre Bortier, le spéculateur soucieux de l’espace public

Pierre Bortier, on l’a dit plus haut, hérite de son oncle, en 1830, de quoi vivre confortablement, ainsi que d’une propriété, ayant appartenu à un certain Beydaels, Roy d’Armes du Brabant, servant de relais postal et connue sous le nom de Messageries Royales ou Messageries Van Gend. On y accédait à l’époque – comme on accède aujourd’hui à la galerie Bortier – par l’ancien Hôtel de style baroque situé au numéro 55 de la rue de la Madeleine.

Plaquette Souvenir du Banquet des Employés des Messageries J-B Van Gend, le 30 septembre 1849

De l’aspect intérieur des Messageries, seule une représentation stéréotypée nous est parvenue, mais les observateurs de l’époque le décrivent comme un « remarquable patio ou cour intérieure à portiques ». Lorsque Pierre Bortier et ses soeurs héritent de ce bien, l’activité des Messageries est florissante pour ce locataire sans histoire, mais avec l’apparition du chemin de fer en 1835, elle commencera progressivement à pâtir de la concurrence d’un réseau en pleine expansion. Ici et là, on vend des chevaux, des diligences, des chars-à-bancs, des harnais…

Les Messageries Royales n’échappent pas à ce déclin, même si après avoir quitté la rue de la Madeleine, elles poursuivront une partie de leurs activités en les diversifiant. A la même époque, tout ce quartier vit, lui aussi, de profonds chamboulements, avec la démolition, en 1845, de l’ancien hôpital Saint-Jean et le redécoupage des rues, donnant naissance aux rues Saint-Jean et Duquesnoy qui, avec la rue de la Madeleine, forment le triangle que l’on connaît encore aujourd’hui.

Plan des rues, avant et après démolition de l’Hôpital Saint-Jean. Au centre, le bâtiment des Messageries

Dans un premier temps, Pierre Bortier envisage la construction d’un Marché aux Fleurs sur l’emplacement des anciennes Messageries. On y retrouve l’idée de boutiques, pour la plupart si petites qu’elles sont appelées des « loges ». La Galerie n’est pas encore couverte, mais elle est déjà conçue comme un passage public et un lieu de flânerie.

Projet de Marché aux Fleurs, Hector Horeau, 1845

Il est probable que dès cette époque, l’idée de Pierre Bortier et de ses soeurs soit de vendre les anciens locaux des Messageries. Toutefois, il a bien conscience que les contours biscornus et la situation enclavée du bien constituent un frein aux yeux d’acheteurs potentiels, raison pour laquelle il cherche à le valoriser. Mais pas n’importe comment ni en y faisant n’importe quoi. Dès qu’il a connaissance du nouveau tracé des rues, il achète, aux Hospices de la Ville de Bruxelles, les terrains laissés en friche par la démolition de l’Hôpital Saint-Jean, devenant alors propriétaire de la quasi totalité de la nouvelle parcelle. La vente à peine conclue et reprenant son idée de Marché aux Fleurs, mais comme galerie couverte, cette fois. il propose à la Ville de Bruxelles de racheter ces terrains pour y construire un futur Marché couvert.

En homme de principes, Pierre Bortier ne cherche cependant pas à faire de profit sur les parcelles nouvellement acquises, qu’il revend au prix coûtant, spéculant uniquement sur les anciennes Messageries. La Ville lui achète l’ancienne cour, intégrée dans la construction du Marché de la Madeleine. Quant à l’entrée, elle reste la propriété de Bortier et devient la partie rectiligne de la galerie. En 1858, il la revend à un particulier, prévoyant peut-être une clause « à la condition de », bien dans son style, puisqu’elle conservera son statut de servitude publique. Et c’est plus d’un siècle plus tard, en 1972 que la Ville se portera acquéreur de cette portion – la seule encore d’origine – faisant de l’ensemble un bien public à part entière.

Pierre Bortier, promoteur de La Panne

Une fois la galerie vendue, en 1858, il semble que l’essentiel des activités de Pierre Bortier se centrent alors dans sa région d’origine, le Westhoek. Il entreprend d’agrandir le pavillon familial de la Panne, celui-là même qui avait servi de tripot à l’époque où son père faisait de la contrebande avec l’Angleterre. Transformé en un véritable palais à l’talienne – en rase campagne – il servira, des années plus tard, de corps de garde des résidences de la famille royale, pendant la Première Guerre mondiale.

Plusieurs sources font de Pierre Bortier l’un des promoteurs de la station balnéaire de La Panne, dont on commence à citer le nom vers 1840. Par ses lectures et ses voyages, il s’était en effet rendu compte de l’influence bénéfique du climat maritime sur la santé. Il est l’un des initiateurs de la création, au bord de la mer, d’établissements pour enfants rachitiques, projet qu’il avait étudié avec son ami le docteur Meynne mais qui ne se réalisera qu’après sa mort. Homme de principes, toujours, il prévoit dans son testament une série de dispositions pour accompagner le développement de La Panne sans verser dans un tourisme débridé dont il pressent, visionnaire, les effets dévastateurs sur la nature, les êtres humains et leur environnement.

Pierre Bortier, agronome passionné et opiniâtre

S’appuyant sur ses études d’agronomie, il mène très tôt une campagne intensive pour reboiser les dunes de La Panne-Adinkerke, soulignant le rôle assainisseur des arbres de haute tige. Il consacre à ce sujet une brochure intitulée « Boisement des Dunes de la Flandre », dans laquelle il écrit :

La zone qui longe, en Flandre, le littoral maritime est paticulièrement frappée de sécheresse. Or ce sont les arbres qui arrêtent les nuages et les forcent à se réduire en pluie. Voilà une première raison pour laquelle on devrait boiser, ou plutôt reboiser les dunes.

S’intéressant de près à la vie des habitants et des agriculteurs du Westhoek, il élargit ses connaissances au domaine de la pêche et rapporte de ses voyages les idées novatrices qu’il pense dignes d’intérêt. Dans l’Indépendance belge du 5 août 1864, on peut lire à son propos :

Monsieur Bortier est né à Dixmude ; par sa fortune, qui est considérable, il est indépendant; c’est un agronome distingué qui s’est mis, par de constantes études, au courant des besoins industriels et commerciaux du pays : sa place était marquée à la Chambre et sa candidature eût été accueillie avec la plus grande faveur ».

Mais Pierre Bortier décline poliment : il n’est pas l’homme des honneurs, des distinctions, des carrières politiques, jouets, selon lui, de la vanité humaine. Ses connnaissances, il entend les appliquer sur le terrain, même s’il se laisse parfois emporter par son enthousiasme, comme le souligne son ami biographe, De Breyne-Du Bois :

Bortier a toujours éprouvé pour l’agriculture une sympathie réelle, je dirai plus, une vraie passion. Vous ne pouviez pas vous trouver un quart d’heure à causer avec lui, sans qu’il ne saisît l’occasion de vous entretenir des biens de la terre et des intérêts agricoles. Il défendait ses opinions agronomiques avec chaleur, quelquefois avec opiniâtreté. (…)

Britannia, ferme modèle de Ghistelles, conçue par l’architecte Hector Horeau, le même que le projet du Marché aux Fleurs

Il lui arrivait parfois de faire trop grand, peut-être! Ainsi, parmi ses créations agricoles, je citerai Britannia, sa ferme modèle, à Ghistelles, trop richement modèle, ma foi, pour que d’autres propriétaires imitent son exemple. Comme tout le monde, j’ai admiré ces installations tout à la fois luxueuses et curieuses, mais en les quittant, je n’ai pu m’empêcher de penser à part moi : Trop de fleurs… agricoles !

Pierre Bortier, antimilitariste et pacifiste convaincu

Bortier aime écrire, consigner ses pensées ou réunir celles des auteurs qui l’ont marqué, sous forme de dialogues imaginares ou en une suite de maximes de grands philosophes de l’Antiquité, avant de clore ces ouvrages par des réflexions de son cru, ne signant d’ailleurs pas toujours de son nom. C’est ainsi qu’il signe simplement « Un Ami de la Paix » une plaquette, plusieurs fois rééditée sous des titres variés : Guerre à la guerre ; Plus de champs de batailles ; Plus de blessés ni de morts ; Plus de pays dévastés ou ruinés, ou encore, Maudite soit la guerre !
Et de conclure par ces mots :

« Répandre l’instruction, voilà le mot d’ordre. Enseigner à l’enfant les malheurs et les désastres que la guerre amène à sa suite, c’est faire de l’homme un partisan de la paix par raison. C’est préparer la transformation des instruments de travail et de culture ».3

Pierre Bortier, le philosophe chrétien

Voici comment se définit Pierre Bortier dans son testament, rédigé en 1878, un an avant sa mort.

Philosophe chrétien, j’accepte l’esprit du christianisme, Dieu et l’amour du prochain, doctrine admirablement exprimée par les Pères de l’Eglise des IV et Ve siècles de l’ère chrétienne, alors qu’il n’y avait ni cultes, ni cérémonies religieuses (…)

Plus loin, parlant de ses propriétés de La Panne :

Dans l’intérêt moral et du vrai sentiment religieux, ainsi que le démontre l’évêque de Belley, Mgr Le Camus, dans son Rabat joie monacal4, j’exprime le désir qu’aucun monastère ne s’élève dans mes dunes.

(Collection privée)

Et se souvenant de son jardin privé, dont il avait déjà cédé l’usage, quelque 35 ans plus tôt, à ses concitoyens de Dixmude, c’est en ces termes qu’il leur en fait don définitivement :

« Je lègue à ma ville natale mon jardin servant aujourd’hui de promenade publique, à la condition qu’il ne pourra jamais recevoir une autre destination » le préservant ainsi des appétits des promoteurs.

Pierre Bortier, homme de principes, jusqu’au bout !

C’est dans une autre galerie, souterraine, que repose aujourd’hui Pierre Bortier, à Laeken, en compagnie de son oncle, Pierre le Magnifique. La brochure de la Ville de Bruxelles, consacrée aux galeries du cimetière de Laeken, nous apprend que « la sculpture réalisée en 1831 par P. Parmentier représente une allégorie : la dame Fortune, porte sur son bras gauche la corne d’abondance et tend, de la main droite, des pièces de monnaies à un orphelin aveugle. Cette représentation symbolise la bonté et la bienfaisance de Bortier ». L’enfant et la muse ont récemment été vandalisés.

En 1879, année de son décès, Pierre Bortier réunit ses écrits en un volume, « pour être offert à ses amis ». Le sommaire donne, à lui seul, une idée de l’étendue de ses connaissances et de la variété des sujets auxquels il s’est intéressé.

Ces textes, publié un an plus tard, sont disponibles à la lecture en cliquant ici.

  1. Biographie de Pierre Bortier, De Breyne-Du Bois, Lebègue et Cie, Libraires-Editeurs, Bruxelles, 1880 ↩︎
  2. Le Danger social de la dépopulation rurale, Vanderauwera, Bruxelles, 1878 ↩︎
  3. Anathème à la Guerre. Études. Question d’économie politique, d’agriculture et de sylviculture, Vanderauwera, Bruxelles, 1878. ↩︎
  4. Le titre exact est Le Rabat-joie du Triomphe monacal, de Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, auteur de plusieurs ouvrages très crititques à l’égard des moines ↩︎

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