« Réunir pour mieux disperser »
Philippe Capart
En 2010, je tentais, depuis des mois, d’aider le pionnier de la librairie spécialisée en bande dessinée Michel Deligne (né en 1938) dont l’enseigne LE DEUXIEME SOUFFLE, installé depuis peu à Koekelberg, prenait l’eau.

Michel Deligne devant Curiosity House, 1972 (cliché de Georges Thiry).
Après un passage place du Jeu de Balle, Michel avait créé, en 1972, CURIOSITY HOUSE, une librairie qui mélangeait les gens et les genres, sans chichis, et proposait une publication CURIOSITY. Il s’était lancé dans la réédition de grands anciens puis l’édition de petits nouveaux. Mon idée était de trouver un endroit central, qui servirait de showroom, appelé LA CRYPTE TONIQUE, et enverrait les amateurs à son adresse périphérique. Et, comme le nom l’indique, il s’agissait de faire se côtoyer passé et présent. Mais contrairement à la kryptonite, morceau de la planète natale de Superman qui lui fait perdre ses forces, La Crypte Tonique devait redonner du tonus à ceux qui entraient à son contact. Tout un programme!


Quand je me suis installé au N°16 de la Galerie Bortier, le côté Saint-Jean était vacant.
Le N°12, derrière le N°16, était également éteint (voir article Dominique Basteyns). Le N°7, l’espace d’exposition était dédié aux auteurs émergents et souffrait du peu de visibilité. L’autre côté, donnant sur la rue de la Madeleine, était actif: Pierre Coumans, Pierre Genicot et sa fille Fanny, Tristan Schwilden et Philippe et Martine Dufrenne. Ma volonté était de renouer les deux bouts. Pour cela, l’idée était de faire un magazine papier qui, par ses articles évoquait les articles, livres et journaux, en magasin. Et ce magazine allait être affiché aux vitrines, comme les journaux muraux, et aussi proposé à l’achat. Par la fille du dessinateur Guy Bara, Olivia, j’ai été mis en contact avec un cabinet d’architectes bruxellois, Karbon’, coordonnée par Hubert Lionnez, afin de réaliser des meubles sur mesures – dans l’idée d’un scriptorium – et concevoir le dispositif permettant d’afficher les pages pour les passants, sans dénaturer l’architecture, dispositif réalisé par le ferronnier Jan Claerhout. Ce sont des menuisiers spécialisés en charpentes de fermes, HOBO, qui ont assemblé et affiné les meubles sur place. Durant le chantier, la Galerie côté Saint-Jean ressemblait à une scierie canadienne!







Le 26 septembre 2011, avec l’aide du graphiste André Moons, de SERAPHINE GRAPHICS, et une équipe, je lançais le N°0, DU TEMPLE A LA CRYPTE.
Ce numéro, épuisé mais consultable ici en pdf, retraçait les points de trafic en bande dessinée sur Bruxelles. Les spots étaient placés sur Michel Deligne mais aussi les autres libraires bruxellois comme Tania Vandesande, Jan Bucquoy, Eliane Bar, Georges Coune, Nina Amiel, Gaetan Laloy, Marc Breyne, Daniel et Didier Pasamonik, Eric Crochelet etc. ainsi que les groupes ayant valorisé ce mode d’expression, comme le Cercle des Amis de la Bande Dessinée d’André Leborgne et Pierre Vankeer. Dans le contexte de LA CRYPTE TONIQUE N°0, un film a également été réalisé par Yoann Stehr, visible ici.
Étant moi-même auteur de bande dessinée et de dessin animé, je connaissais la partie « création » et « édition » du métier, j’en découvrais maintenant la partie « diffusion » et « distribution ».


Cliché de Saskia Vanderstichele pour AGENDA.
La cave du N°16, trois fois plus grande que l’étroit rez-de-chaussée, hébergeait une petite partie du stock de DEUXIÈME SOUFFLE, acquise lors d’une vente suite à une saisie judiciaire, et ressemblait à une caverne de papiers. J’avais calculé, naïvement, qu’il me faudrait 2-3 ans pour tout décrypter: c’est à dire comprendre ce qu’il y avait sous mes pieds et remettre tout cela en circulation. Il va sans dire que cela allait être un travail collectif!

En multipliant les contacts – la Galerie Bortier étant un carrefour culturel essentiel
au coeur de Bruxelles – des projets d’éditions se sont dessinés.
Avec toute la famille de Paul Cuvelier et des enthousiastes, Hugues Dentier, Boelens, Alec Severin et Benoît Boelens, aidé par Kevin Cocquio du CLUB LETTREURS, nous avons réédité convenablement – c’est à dire à partir des originaux au lavis – le premier CORENTIN (puis créé une Fondation à son nom) avec la fille, Anne-Marie, et petite-fille, Sophie, de Georges Beuville, et un enthousiaste nommé Stéphane Goblet, LE MORNE AU DIABLE d’après Eugène Sue. Chacune de ces publications a été accompagnée d’un magazine de la CRYPTE TONIQUE, replaçant le contexte de ces deux oeuvres clefs parues dans les premières années du JOURNAL TINTIN.
Aux heures d’ouverture, je voyais défiler lecteurs, auteurs, éditeurs, ayant-droits, peintres, photographes, poètes, historiens… et visiteurs étrangers. Je n’avais jamais autant parler anglais!











Couverture : Jin Hee Han & Baptiste Virot.
J’invitais ceux et celles qui le souhaitaient à participer aux numéros dont je variais la thématique, la pagination, l’approche et souvent le format. Mon enthousiasme pour la bande dessinée est liée à la presse et secondairement au livre. La mise en page et mise en scène sont des synonymes en bande dessinée. De même, le dessin y est écriture et l’écriture y est dessin.




Peu à peu, la Galerie Bortier reprenait des couleurs. L’espace vacant en face a été occupé en 2012 par des jeunes entrepreneuses de Courtrai, Catharina Allaert et Ellen Verhasselt (LES SAGAS: un objet, une histoire). Avec elles, une signalétique pour l’ensemble du lieu a été décrochée – après 4 années de démarches – avec l’aide de l’UNESCO, auprès d’une Régie foncière amorphe. Mais la montagne avait accouché d’une souris car les deux totems, posés par l’agence MILK AND COOKIES, se sont vite révélés totalement inefficaces.


Au quotidien, le combat se faisait aussi dans la rue Saint-Jean où un chantier (rénovation du bloc d’immeubles de la Mutualité Socialiste SOLIDARIS) obstruait celle-ci depuis des mois, avec sa grue géante, et ensuite, la Salle qui de la Madeleine privatisait le haut de la rue en backstage : entrée des stars et sorties des poubelles.






Epuisées, LES SAGAS ont fini par jeter l’éponge et quitter la Galerie Bortier. De très nombreux mois plus tard, et à coup d’e-mails à la Régie, DES LIVRES ET VOUS, de Nicolas Van Cutsem et Pascal Trovero, déjà rue Saint-Jean, se sont installés dans l’espace que LES SAGAS avaient patiemment rénové. Grâce à la galerie d’estampes LE TOUT VENANT, sise rue Saint-Jean, animée par Brigitte Harcq et Guillaume Choveaux, l’espace N°7 (anciennement B-GALLERY), vacant, a pu redevenir un lieu d’exposition. Des événements qui sont vite devenus collectifs: l’ensemble des libraires de la Galerie, ainsi que Marie-Laurence Bernard de MA MAISON DE PAPIER, spécialisée en affiches anciennes, ont apportés leurs pièces à ces petits édifices temporaires. Je gérais la communication et la conciergerie. Aucun subsides ou aide de la Régie, c’est à coup de pieds au cul qu’elle daignait céder les clefs ! Et question subsides, c’était mon père, Gilles Capart, mécène extraordinaire, qui aidait à garder les comptes en positifs! En plus des nombreuses expositions, toutes gratuites, ce passage oublié de ses régisseurs a accueilli le festival PICTURE!, le Prix Fernand Baudin (et conférence avec Clubs Lettreurs), le salon PRINT IS NOT DEAD ainsi que LA FOIRE DU LIVRE DE BRUXELLES ou encore, via Pierre Coumans, BRAFA IN THE GALLERIES.













Collaborations et diversification des activités
En 2017, le journaliste Olivier Van Vaerenbergh, que j’avais connu comme rédacteur en chef de SPIROU (entre 2005 et 2007) et qui suivait les activités de LA CRYPTE TONIQUE, est venu y placer son bureau à l’étage et y rédigeait ses articles sur la bande dessinée contemporaine pour le FOCUS/LE VIF. Ses services de presse arrivaient au N°16 de la Galerie, les derniers titres à paraître prochainement se mélangeaient aux vieilles bandes. Au stock existant venait se rajouter des imprimés proposés par des visiteurs. Car contrairement à une librairie axée uniquement sur du neuf, la Crypte -comme les autres acteurs de la Galerie – pratiquait la vente ET l’achat. Il pouvait s’agir d’un ou deux livres, un petit fanzine ou une maison remplie d’imprimés à vider. Ainsi, la collection sur le cinéma d’animation d’Urbain Van Cauwenbergh (1921-2021) a pu être sauvée, triée et conduite à l’Asbl FOLIOSCOPE, via Dominique Seutin, en charge du festival annuel ANIMA.



création de Ni Fong (cliquez pour l’animer)
A ces nombreux échanges matériels s’ajoutent les innombrables échanges immatériels, discussions passionnantes et même parfois musclées! Je collaborais, selon les projets, avec des acteurs extérieurs, comme le NOVA, pour une séance de dias érotiques de Paul Cuvelier, une soirée de modèle vivant « méthode ABC« , avec Christophe Poot et Benoît Mercandella (séances qui se poursuivront au GRAND STUDIO à Molenbeek), l’ouvrage collectif SUPERPOSITIONS et une projection des films de l’auteur de bande dessinée José Ramon Larraz, à la CINEMATEK, dans le cadre d’OFF SCREEN. La création de l’Encyclopédie des Petits Formats Adultes, 7 volumes, avec Yves Grenet (CHAMBRE OBSCURE), accompagné d’une conférence, épique, à L’ENSAV LA CAMBRE et la première édition de LA FONDATION PAUL CUVELIER: « POLYEPOXY » avec le spécialiste de la censure en France, Bernard Joubert.




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L’aventure BLOW BOOK



A ces activités est venu se rajouter un projet d’édition hors norme : BLOW BOOK. En prenant comme modèle les petits livres, un dessin par page, de Dick Bos, conçus par Alfred Mazure et son imprimeur en Hollande en 1942, Olivier Van Vaerenbergh, Dimitri Piot, Francesco Defourny et moi avons lancé treize titres, avec des contenus contemporains et anciens, à un prix populaire (5 euros) et placés dans un distributeur automatique. Un BLOW BOOK DISPENSER a été installé au coeur de la Galerie et permettait aux visiteurs de partir avec un souvenir en littérature en images.











Le chaos continu de l’étroite rue Saint-Jean, devenue artère essentielle du trafic de voitures dans l’hyper-centre… quand elle n’est pas un chantier.






Avec la coupure du grand piétonnier mal pensé (2014), le lock-down (2015), et la crise du Covid (2020), le loyer de 1000 euros, sans les charges (279€) demandé par la Régie était devenu bien trop élevé pour les rentrées de LA CRYPTE TONIQUE, fort impactées par ces crises successives. Qui plus est, la rue Saint-Jean était devenue invivable, des bus de deux étages s’y installaient jour et nuit, véritable passe-droit, octroyé par le bourgmestre Philippe Close, au profit de la Salle de la Madeleine et ses spectacles, obstruant la vue et le passage. Pendant ce temps la Galerie, loin d’être reconnue comme un tout par Marc Libens – le fantomatique directeur d’une Régie foncière bien opaque – était perçue comme une banale succession de cellules commerciales.

« C’est toujours ainsi avec la Régie foncière de la Ville de Bruxelles! »
Cette période compliquée marque le début de tensions qui ne feront que s’aggraver. Profitant d’une demande de réduction provisoire de loyer, liée à la période Covid, et du changement de structure (d’une branche audiovisuelle de la société anonyme AUXIN à l’association sans but lucratif BLOW BOOK), la Régie foncière refuse de proposer un nouveau bail à la nouvelle asbl, exerçant pourtant la même activité. Une demande de conciliation en Justice de Paix a été demandée, séance tenue le 18 mars 2021. Après avoir vérifié avec nous sur Google Maps que la galerie était bien sous sa juridiction et acté l’absence de la Régie, qui n’a pas daigné se déplacer, la Juge nous dit alors, sans honte : C’est toujours ainsi avec la Régie foncière de la Ville de Bruxelles.

En 2022, la Régie a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt pour occupation immédiate de deux seuls locaux vides que la Régie négligeait depuis une décennie: le N°7 et le N°12. Avec Marie Noble, alors Commissaire de la Foire du Livre de Bruxelles, son équipe et tous les libraires de la Galerie, nous avons déposé un projet, GALERIE BORTIER/ HAUT LIEU DU LIVRE A BRUXELLES/ TRAIT D’UNION, sobre économiquement et simple à mettre en route, qui sortait du court-termisme et planifiait la galerie jusqu’en 2030. C’était, pour LA CRYPTE TONIQUE sa dernière cartouche pour poursuivre son activité au sein de la galerie. La Régie s’est endormie sur les dossiers remis le 7 mars 2022.
« On va être francs avec vous : si on les écoute: ils mettent tout le monde dehors. » Thierry Goor.
Cette même année, le libraire Tristan Schwilden est décédé, et en 2023, le couple Philippe et Martine Dufrenne est parti à la pension. C’était la situation inverse à celle que j’avais découverte à mon arrivée en 2010, la section rue de la Madeleine était éteinte. Un employé de la Régie y a placé deux acteurs avec baux précaires, Nicolas Lambert et un Collectif, LA BOUQUINERIE. Toutes et tous conscients que la Régie avait d’autres plans pour la Galerie que l’imprimé. Un entrepreneur dans l’HORECA, Thierry Goor de la société CHOUX DE BRUXELLES, en repérage dans la Galerie, a expliqué aux libraires que la Régie lui proposait l’ensemble du lieu et leur dit: « La Ville (entendu ses amis « Philippe » (Close) et « Fabian » (Maingain) veu(len)t dynamiser l’endroit (….) On va être francs avec vous (les libraires): Si on les écoute: ils mettent tout le monde dehors. » Tous les acteurs se sentant déjà précarisés ont eu ainsi confirmation de leur situation. Ensemble, ils ont alors rédigé une pétition demandant un dialogue entre les acteurs de terrain et la Régie foncière. En quelques jours, elle a récolté plus de 13 000 signatures.
Et, comme l’Appel à Manifestation d’Intérêt pour occupation immédiate de 2022, la Régie a mis la tête dans le sable et donné l’ensemble du lieu à ce gros acteur de l’HORECA. Le nouveau directeur de la régie, Olivier Verstraeten, a envoyé recommandé sur recommandé – menace sur menace – à LA CRYPTE TONIQUE/BLOW BOOK. Dégouté par la situation, et le silence des instances politiques et culturelles sur cette Galerie (active dans les imprimés depuis 1848!), avec l’accord de mes collègues de BLOW BOOK, j’ai décidé de rendre les clefs.
C’est la mort dans l’âme que j’ai démonté, avec mon frère Hervé et son fils Simon, les meubles (une partie a été sauvée par KARBON‘ et les élèves de l’école d’Architecture LA CAMBRE/HORTA/ULB), détruit les structures et dispersé le stock de la Crypte, soigneusement à travers la Belgique et l’étranger (Brooklyn, Malmö et Athène!), enrichissant également la bibliothèque universitaire de Gand, le Fonds Patrimoniaux-Musées de la Ville de Liège, et la Bibliothèque nationale. Les titres plus rares ont été sauvegardés dans un box de stockage, le reste a rempli 3 camions, direction le Vieux Marché.
Le dernier numéro de LA CRYPTE TONIQUE : « du Privé au Public », réalisé avec Benoît Crucifix et Maaheen Ahmed, avec le soutien d’un Fond Européen de recherche (ERC), publié en trois langues (français, néerlandais et anglais) traitait de l’histoire de la valorisation de la bande dessinée en Europe francophone de 1962 à 1977 par les titres collectionnés par le bruxellois Alain Van Passen et qu’il a légués, avec l’aide de LA CRYPTE TONIQUE, à la Bibliothèque de l’Université de Gand. Un groupe online, réunissant professionnels et amateurs, a été monté pour l’occasion, LE CLUB BIMBO.






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En bouclant cette ultime publication N°16, le N°16 de la Galerie Bortier avait atteint le maximum de ses ressources et de ses capacités. Alain Van Passen, premier client de LA CRYPTE TONIQUE le 26 septembre 2011 était ainsi le dernier sujet de cette aventure et son dernier visiteur, le 3 avril 2024.
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C’est la mort dans l’âme que j’ai démonté les meubles…







Epilogue
Le local a été rendu à temps et heure et en parfait état. Trois mois plus tard, la Régie demande à l’asbl BLOW BOOK un arriéré de loyers à payer – dans les 15 jours – de 16 000 euros! Une pression pour me faire taire, car je suis une voix critique envers la Régie Foncière de la Ville de Bruxelles, son échevine titulaire, Lydia Mutyebele (devenue depuis députée au Fédéral), le bourgmestre Philippe Close et le projet du nouveau repreneur, Thierry Goor. La Régie nous avait annoncé, à maintes reprise que nous étions « SANS TITRE, NI DROIT »… et elle aurait voulu qu’on ait encore des « DEVOIRS ».
Philippe Capart, le 28 janvier 2025.









C’est pis que de voyager en pirogue sur un océan en furie!
C’est passionnant, précis, impressionnant, violent et triste à la fois. Un immense bravo Philippe pour ce lieu et ce travail admirable tout au long de ces glorieuses années.
quel gâchis ! déprimant ce passionnant article, je vais plonger dans un de mes numéros de la Crypte tonique pas encore lu, tiens, pour me remonter le moral, d’autant que ce type de mésaventure est hélas courant , sous des formes différentes, à Bruxelles ou ailleurs , comme à Paris ou la survie des galeries similaires n’est jamais acquis…
bravo en tout cas pour toute cette énergie ! et bonne continuation dans les nouveaux projets
C’est lors du Salon annuel du SOBD à Paris (et, aussi, au Festival International de la Bande dessinée d’Angoulême) que j’ai rencontré Philippe Capart. J’ai pu m’y procurer plusieurs numéros de sa revue la Crypte Tonique, passionnante à plus d’un titre.
Je regrette donc infiniment qu’il ait été contraint de se séparer de sa Galerie et espère qu’il pourra continuer à s’investir dans le monde de la bande dessinée sous d’autres formes.